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dimanche 26 juin 2016
Portugal 2 ::: Lisboa
Réveil de bon matin le vendredi pour prendre notre train vers Lisbonne; une chance qu'il était plus confortable que celui pour Lagos, parce qu'il n'allait pas beaucoup plus vite! Trois heures et demie plus tard, nous voici arrivées à la station indiquée par notre hôtesse Airbnb. Elle nous avait gentiment indiqué un chemin qui nous évitait d'avoir à retraverser toute la ville (par contre nous n'aurons pas vu la gare Oriente, qui apparemement vaut le coup d'oeil). Comme nous portions toutes les deux nos sacs «à bras», nous avons apprécié le raccourci! Nous avons éventuellement réussi à comprendre quelle carte de métro/tram/bus acheter, et notre hôtesse nous attendait à l'appartement. Il s'est avéré être plus exigu que ce les photos m'avaient laissé entendre, mais comparé à notre petite chambre d'hôtel à Faro, ça faisait du bien de s'installer un peu (même si nous dormions dans des lits superposés et que la douche était la plus mal foutue que j'aie vu de ma vie!).
Une fois installées, nous sommes sorties en quête d'un lunch. Notre quartier était vraiment génial: joli, animé, avec un parc à deux pas, et vue sur la mer d'en haut de la côte. Parce que côtes, il y a; ça ne s'appelle pas Bairro Alto pour rien! Après plusieurs détours et arrêts photographiques (tout est beau, on n'en revenait pas!), de même que l'achat obligé de tuiles, il s'est avéré que le café/épicerie fine bio que j'avais repéré n'existait plus. Moment de découragement, amplifié par l'estomac creux... Heureusement de courte durée, puisque le Mercado da Ribeira était à deux coins de rue, et nous nous sommes goinfrées!
Les idées plus claires, nous avons commencé une recherche systématique des boutiques et autres potentiels points d'intérêt que j'avais identifiés. Nous avons d'abord déniché un magasin de poisson en conserve (c'est un truc très gourmet, à Lisbonne, mais moi j'achetais surtout pour l'emballage – je ne savais même pas si j'aimais les sardines!). Puis nous sommes montées vers A Vida Portuguesa, un magasin qui vend un peu de tout, tant que c'est traditionnellement portugais. J'ai adoré, et évidemment je me suis laissée tenter. Plusieurs fois.
L'objectif suivant sur ma liste était de trouver un certain magasin de boutons, pour un tricot que je faisais pour le premier anniversaire de mon neveu favori (et unique). L'adresse que j'avais notée se trouvait entourée de plein d'autres merceries traditionnelles, alors je m'en suis donné à coeur joie et accumulé les options. Je peux vous certifier que rien ne déride un vieux Portugais grognon comme demander à regarder les boutons pour enfants!
Il restait encore un magasin d'artisanat et une quincaillerie sur ma liste (pourquoi pas), mais grâce à la carte qui n'indique pas les côtes, la fatigue commençait à se faire sentir. Quand le premier des deux s'est avéré introuvable, on a décidé qu'on en avait assez. Julia avait déjà été bien patiente de me suivre jusque là... On a ramassé des vivres pour notre petit déjeuner, et pris le métro le plus proche pour rentrer chez nous. Encore une fois, on s'est fait jouer un tour par notre carte en se retrouvant au pied d'un interminable escalier! Nos achats déposés à l'appartement, nous sommes ressorties essayer une brasserie locale, puis commencé la quête de notre souper. Un vendredi soir dans un quartier branché, ce n'était pas évident, mais éventuellement nous avons trouvé un endroit qui a bien voulu nous servir, même s'il nous semblait plus chic que ce que nous avions l'impression d'être... Nous nous sommes retrouvées à manger beaucoup trop de pain (une combinaison de la traduction douteuse du menu avec la coutume portugaise de servir des entrées dès qu'on s'assoit, et qu'on décide soit de manger, soit de retourner là d'où elles viennent). Inutile de dire que nous avons sauté le dessert!
Le samedi était notre seule journée complète à Lisbonne et comme nous avions l'impression d'avoir bien arpenté le centre la veille, nous avons décidé de pousser un peu plus loin pour aller visiter le Museu Nacional do Azulejos. Passion céramique oblige... Après avoir fait la grasse matinée, négocié nos douches dans le cubicule minuscle, identifié et contenu la fuite dans la cuisine, fait à déjeuner, acheté un café au coin de la rue, et dévalisé le petit marché fermier au parc à côté de chez nous, nous étions enfin en route (et il était passé midi). Il fallait simplement prendre un bus, et maintenant que nous connaissions les escaliers, pas de problème!
Malgré les environs un peu sans intérêt, le musée lui-même était très bien – situé dans une ancienne église qui montre, entre autres, l'utilisation des azulejos in situ. Les Portugais ne font pas dans la subtilité! Le tout était très inspirant, qui pour ses cours de poterie, qui pour sa salle de bains à redécorer... Nous avons mangé une bouchée dans le café du musée avant de repartir (aussi vivement recommandé – la jolie cour compense totalement pour les plats ordinaires).
Après le musée nous avons marché jusqu'au marché (ha) Feira da Ladra, un dédale d'étals en tous genres, de la table à auvent à la simple couverture par terre, où on peut vraiment trouver n'importe quoi. Un peu dépassées par l'étendue tentaculaire de l'événement, et conscientes des limites de nos valises, on s'est amusées à faire un grand tour puis on a continué notre marche qui nous menait dans le quartier d'Alfama, reconnu pour le charme typique de ses petites rues et recoins. Il faisait un temps radieux ce jour-là, et dans un contexte si charmant, nos appareils-photo s'en sont donné à coeur joie! Nous avons même réussi à sauter dans l'un des fameux trams de la ligne 28, où tous les passagers affichaient un sourire béat (sauf les vieilles madames portugaises qui trouvaient ça moins drôle qu'on reste bloqués 10 minutes dans une côte).
Nous avons pas mal tourné dans Alfama, j'ai rangé la carte et suivi notre flair... Qui nous a évidemment menées vers une pause pasteis de nata, et éventuellement à l'endroit familier où nous avions rebroussé chemin la veille; en plein sur le fameux magasin d'artisanat en plus! Rendues là, nous étions bien fourbues, mais comme il arrive souvent en voyage, il était seulement 17h30 et nous devions trouver de quoi tenir jusqu'à l'heure du souper (et du coucher)... Nous avons retenté le tram 28 avec l'idée de voir du paysage sans marcher, mais à l'heure de pointe et en plein centre, on n'a pas pu monter. Changement de programme – nous sommes plutôt allées emmagasiner les derniers rayons de soleil au bord de l'eau, à regarder les enfants et les chiens courir dans les vagues glaciales.
Éventuellement, l'heure de penser à manger est arrivée, et nous avons commencé à remonter tranquillement vers notre appartement pour tenter de trouver quelque chose en cours de route, comme on habitait apparemment dans l'un des meilleurs endroits où manger et boire. Nous avons été bien impressionnées par le funiculaire (surtout après avoir grimpé les escaliers dans une rue parallèle sans savoir qu'il existait), mais pour trouver à manger, c'était plus difficile... Même vers 19-20h, c'est encore tôt pour manger au resto un samedi soir, et c'est toujours intimidant de choisir un restaurant où il n'y a personne, quand la serveuse et le chef sont assis devant à jaser en fumant une cigarette... Après avoir monté et descendu quelques rues, nous avons pris la décision de plonger – la faim nous rendait plus courageuses! Et heureusement, nous sommes bien tombées, malgré un menu un peu compliqué (parfois on se dit qu'on comprendrait mieux s'ils nous donnaient le menu original que la traduction anglaise...), notre gentil serveur nous a fait des recommandations qui ne nous ont pas déçues. Et avec un bon verre de vin «vert» (vinho verde), tout va bien!
Pour le dernier jour, nous n'étions pas sûres d'avoir le temps de faire grand chose, comme mon avion décollait à 15h (Julia restait 24 heures de plus). Nous avons eu un matin plutôt chaotique, avec la douche qui a manqué d'eau chaude et l'électricité qui a sauté avant nos toasts, en plus de Julia qui essayait de faire sa valise sans avoir bu son café parce que tout était fermé le dimanche... Miraculeusement, à 10h57 (check out à 11h), nous mettions la clé dans la porte. Comme nous habitions dans un quartier génial, nous étions à deux pas du jardin botanique, facile d'accès avec nos gros sacs lourds et gratuit le dimanche! Le plan était de s'y installer pour dessiner (on était toutes les deux parties pleines de bonnes intentions artistiques, sauf que mes crayons neufs le sont encore), mais une fois que nous avons eu fait un petit tour (et semé un groupe de Français après l'autre), il était déjà temps de partir...
Après avoir été fidèle à mon stéréotype (la moitié organisée de notre duo) durant quatre jours, j'ai eu un «moment Julia» juste après qu'on se soit séparées: ma carte de transport expirait et je ne trouvais pas l'arrêt de bus pour aller à l'aéroport; j'ai couru partout, stressé (sué), essayé d'acheter une nouvelle carte, manqué l'autobus, pour finalement réaliser que je pouvais payer en espèces dans l'autobus, et qu'ils allaient presque tous à l'aéroport à partir de là... En plus je me suis même retrouvée dans la navette officielle! L'aéroport était un vrai labyrinthe, surtout que j'étais encore un peu énervée, mais le vol s'est passé sans encombres et je suis rentrée dans ma ville froide et pluvieuse, dans mon appartement vide, mais la tête encore pleine de soleil et d'amitié...
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dimanche 5 juin 2016
Portugal 1 ::: Algarve
Maintenant que je suis à Londres depuis presque six ans (!!), la plupart de mes proches sont venus au moins une fois me rendre visite. Et même si, presque à chaque fois, ils étaient agréablement surpris par la ville, je peux comprendre qu'ils n'aient pas envie d'y revenir à chaque année, même pour mes beaux yeux! C'est avec mes parents que nous commencé une nouvelle formule: se retrouver ailleurs en Europe, pour qu'ils fassent un voyage différent, et pour me forcer (gentiment) à continuer à cocher des destinations sur ma liste. Généralement je laisse la visite décider où aller, et c'est ce que j'ai fait avec Julia. À partir de Montréal en avril, elle avait envie de soleil, et je dois dire que moi aussi... Nous avons donc regardé autour de la Méditerranée, pour finir par se brancher sur le Portugal. Je n'ai jamais énormément de jours de congé et Julia avait la bougeotte, alors nous nous sommes entendues pour faire deux villes en quatre jours (elle trois villes, deux pays, en une semaine!). Ce n'est pas la façon dont j'organise habituellement mes voyages, et c'est ça qui est parfait: je vais dans des endroits où je n'irais pas nécessairement, et je découvre des façons de voyager autrement! (En fait ça représente assez bien l'essence de ma relation avec Julia...!)
Julia arrivait de Montréal via Bruxelles et notre point de rendez-vous était Faro, dans l'Algarve, la région tout au sud du Portugal. C'est là que tous les Britanniques vont prendre du soleil, alors j'avais des réticences, mais Julia était convaincue après avoir vu les photos d'une copine qui était sortie des sentiers battus. Je suis arrivée tard le mercredi soir, après le travail, alors que Julia y avait déjà passé 24 heures, et visiblement c'est tout ce qu'il faut pour faire le tour de Faro... Nous avons marché un peu le lendemain matin (trouvé un pastel de nata pour déjeuner, bien sûr), mais je suis vite arrivée à la même conclusion qu'elle: comme on avait choisi l'Algarve pour voir la mer, la petite marina ne nous satisfaisait pas vraiment. Il aurait fallu sortir un peu du centre, mais Julia avait une meilleure suggestion: prendre un train le long de la côte jusqu'à Lagos, où on aurait vraiment les paysages de bord de mer.
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dimanche 1 mai 2016
Maroc ::: Morocco ::: 6
Nous pensions prendre ça relax pour notre dernier jour. Notre hôte a été gentil de nous laisser la chambre toute la journée, et le riad était encore super tranquille (un seul autre petit groupe). Le plan était donc de s'installer sur la terrasse et profiter du soleil (il avait neigé à Londres!). Mais je ne suis pas douée pour relaxer en vacances, j'avais des fourmis dans les jambes et encore des choses à voir et à faire!
Nous avons tout de même commencé avec notre délicieux déjeuner sur le toit, paressé un peu, puis nous sommes partis vers la Villa Majorelle, qui se trouve dans la nouvelle ville, Gueliz, juste en-dehors des murs de la medina. Abdel nous a rattrapés après deux coins de rue pour nous conduire personnellement jusqu'à la bonne porte! Nous avons quand même eu un peu de mal à trouver l'entrée des jardins, mais finalement il suffisait de suivre les touristes – nous n'étions pas tout seuls! Je me suis un peu énervée après les idiots dans mes photos, mais difficile de ne pas apprécier la beauté et le calme du lieu, l'impression d'être dans un petit coin de paradis à l'abri de la folie et de la chaleur extérieures... Les couleurs étaient évidemment magnifiques, Monsieur Saint Laurent savait y faire!
Comme nous étions déjà sur le bon chemin, nous avons continué à nous éloigner de la medina pour voir un peu ce qu'il y avait autour. La nouvelle ville n'est pas si neuve, mais il y a un monde de différence entre l'espace et les grands boulevards qu'on y trouve, par rapport aux labyrinthes de la vieille ville... C'est aussi l'endroit où les restaurants et boutiques plus modernes et branchés s'installent, comme Kechmara, ce café/bar/club où nous avons mangé le midi, sur la terrasse bien sûr, et qui servait de la bière et du bacon – de toute évidence pas pour le bénéfice de la majorité musulmane locale... Matt y a mangé l'un des meilleurs burgers de sa vie, et j'étais bien contente de mes pâtes au crabe, chacun pour 10€ en table d'hôte!
Après dîner c'était facile de retrouver notre chemin vers la Place, le boulevard Mohammed V y mène tout droit. J'avais encore quelques achats à faire dans les souks... Je n'ai jamais retrouvé le bonhomme aux céramiques vertes que j'avais aperçu le premier jour (ne jamais penser «je reviendrai une autre fois» en voyage!), mais nous avons pu retourner à la boutique de bijoux où je me suis acheté un vrai-faux collier en argent berbère. Quelques autres cadeaux de Noël ont confirmé que nos talents de négociateurs ne s'amélioraient toujours pas, mais c'était de bonne guerre...
Puis il était déjà temps de retourner au riad pour faire nos valises et filer à l'aéroport! L'expérience globale a été un peu chaotique (on n'en attendait pas moins), mais au final nous avons été chanceux sur toute la ligne: le taxi est arrivé en retard mais n'en pouvait plus de se confondre en excuses (dieu sait ce qu'Abdel lui a dit...) et a fait de la vitesse pour que nous ne manquions pas notre vol (nous étions en fait très en avance); puis notre valise bourrée de souvenirs a miraculeusement passé à un poil sous les 20kg réglementaires, même sans avoir pu la peser avant; et l'embarquement pour notre vol a commencé en avance mais nous passions près de la porte par hasard, et avons pu rejoindre la file comme si de rien n'était (sauf pour mes collègues qui n'ont par conséquent pas eu de souvenir, désolée!). L'expérience de l'aéroport de Marrakech en elle-même est plutôt amusante quand on a le temps, mais facilement stressante si on ne s'adapte pas à la façon de faire marocaine. Il faut simplement se calmer, suivre le flot, et tout est bien qui finit bien...
De retour à Londres, nous n'avions pas prévu qu'il ferait si froid durant notre absence et avions baissé le chauffage au minimum. Nous avons retrouvé un appartement polaire – il était passé minuit alors pas grand chose à faire d'autre que s'emmitoufler et empiler les couvertures, mais je n'ai jamais eu aussi froid, pire que notre nuit dans le désert du Sahara! Comme quoi les aventures ne sont pas toujours là où on les attend...
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lundi 28 mars 2016
Maroc ::: Morocco ::: 5
Après moins de 24 heures à Marrakech, nous nous sentions déjà assez remis de notre périple dans le désert pour envisager une autre sortie (ou une autre fuite de la folie qu'est cette ville, c'est selon!). Plusieurs personnes nous avaient recommandé Essaouira, avant et pendant notre séjour; j'avais même considéré passer toute la semaine là-bas, alors nous avions bien en tête la possibilité d'y aller si l'occasion se présentait. Il suffisait d'aller réserver notre place dans l'un des nombreux bus touristiques qui font l'aller-retour entre Marrakech et la côte; ce système nous semblait plus simple et mieux encadré que d'essayer de comprendre le réseau d'autocars, même si apparemment c'est aussi tout à fait envisageable pour des voyageurs un peu plus aventureux que nous. Le principal inconvénient du tour organisé (outre le coût plus élevé) était la rigidité de l'horaire: nous n'avions pas le choix de quitter Essaouira à 16h, ce qui nous semblait tôt. Mais le principal avantage étant la guarantie que notre chauffeur nous attendrait avant de repartir et que nous n'avions pas à nous soucier d'attraper un bus, a fini par nous convaincre que ça valait le coup.
Et donc nous avons repris la route de bon matin, même scénario que lors de notre départ vers Merzouga – cueillis au riad, on ramasse un autre touriste en chemin, puis on s'en va attendre une demi-heure sur le trottoir devant l'agence de voyage... Sauf que cette fois nous étions des habitués! Éventuellement nous sommes partis avec un petit groupe: un couple d'Espagnols, deux Françaises, une dame des Émirats Arabes Unis, et un monsieur mexicain plus âgé qui m'a fait la jasette pendant presque tout le trajet. Comme la route est assez longue (environ trois heures), nous avons eu droit à une pause pipi et – surprise! – une autre visite d'une coopérative d'argan. Celle-là s'est avérée plus crédible: nous avions vu beaucoup d'arganiers en route (certains garnis de chèvres!), et avons eu droit à une vraie visite guidée nous expliquant toutes les étapes du processus de transformation. Évidemment, le tout culminait, encore une fois, avec une gentille mais ferme invitation à acheter quelque chose... Nous avons opté pour l'alimentaire plutôt que le cosmétique, cette fois, et sommes repartis avec du amlou: un genre de tartinade faite avec des noix d'argan et des amandes rôties, puis sucrée avec du miel d'argan. Un vrai délice, même pour l'adepte inconditionnelle de beurre d'arachides que je suis!
Nous avons fini par arriver à Essaouira sur l'heure du midi, et sommes partis directement vers le port pour trouver le stand numéro 10, qui m'avait été expressément recommandé! On peut manger juste un peu en retrait des quais où les pêcheurs arrivent avec leur butin, dans un petit marché où, encore une fois, l'offre semblait étrangement uniforme... C'était amusant de choisir les poissons frais directement sur l'étal, mais nous n'avons pas été si impressionnés par la cuisson – les sardines grillées étaient très bonnes, mais le calmar avait été transformé en vieux caoutchouc...
Rassasiés, nous sommes partis explorer la vieille ville, qui avait un charme tout différent de Marrakech. Là où Marrakech est rose et ocre, Essaouira est bleue et blanche. L'atmosphère générale était aussi beaucoup plus calme, alors nous en avons profité pour faire nos emplettes de souvenirs. Mais comme à Marrakech, nous nous sommes perdus plusieurs fois!
Nous avons tout juste eu le temps de tremper les orteils dans l'océan avant de rejoindre notre groupe pour prendre le chemin du retour. À posteriori je pense que notre première idée était la bonne: il aurait fallu passer plusieurs jours à Essaouira pour vraiment s'imbiber du rythme de la ville, et en faire de vraies vacances au bord de la mer. Apparemment, il s'agit de l'un des meilleurs endroits du monde pour le surf (ce sont eux qui le disent), et la ville (anciennement appelée Mogador) autant que la côte environnante ont été fréquentées par plusieurs artistes et hippies en tous genres; le plus connu étant Jimi Hendrix, dont la chanson Castles Made of Sand aurait été inspirée par les ruines d'une forteresse à proximité (mais dans mon coeur c'est l'esprit de Cat Stevens que j'espérais découvrir...)
Nous avons fait le retour tout d'une traite, alternant entre la somnolence et le bavardage de notre voisin mexicain (qui s'est avéré être un amoureux du Québec, ses enfants étaient allés en camp de vacances dans les Laurentides à tous les étés!). Le coucher de soleil, encore une fois, était magnifique, le ciel sans nuages devenant uniformément rose. Et cette fois-ci, nous savions trouver notre riad dans le noir sans encombres!
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dimanche 13 mars 2016
Maroc ::: Morocco ::: 4
Enfin, nous avons eu droit, le cinquième jour, à une grasse matinée! Notre second riad était beaucoup plus luxueux que le premier, et rien à voir avec l'hôtel humide de la deuxième nuit (on laisse le campement du Sahara dans une catégorie à part...). Notre gentil hôte, Abdel, nous a fait une visite guidée (il y a un spa! un petit salon de cinéma! deux terrasses sur le toit!) et bien expliqué comment retrouver notre chemin, autour d'un thé à la menthe à l'arrivée, bien sûr. Rendus là, nous avions bien besoin d'un peu de confort, entre la selle du chameau et le siège du minibus... L'envie était forte de s'emmurer dans le riad pour les trois jours qui nous restaient, mais après un délicieux déjeuner au soleil sur le toit, nous avions l'esprit un peu plus aventurier.
Le seul désavantage de ce riad était son emplacement: à une vingtaine de minutes à pied de la Place, quand on connaît son chemin – ce qui, malgré les explications minutieuses de notre hôte («quatre mètres plus loin, à gauche pour trois mètres...»), ne s'appliquait pas à nous. Le problème de l'orientation dans la medina de Marrakech est multiple: d'abord, les rues sont minuscules, toutes semblables, et arrangées n'importe comment; puis, les panneaux sont rares, et le plus souvent en arabe de toute façon; ensuite, même quand on veut être organisé et planifier sa route sur une carte avant de partir, les cartes ne se correspondent pas entre elles, et la réalité est tout autre (je pense que c'est un coup des Marocains pour garder le contrôle!); et si on veut consulter une carte ou un téléphone pour se réorienter en cours de route, ou même si on ralentit le moindrement en regardant autour, on est immédiatement repéré par un «bon Samaritain» qui veut nous indiquer le chemin. Le problème, c'est que pour certains, confondre les touristes est un sport national, alors on ne sait plus qui croire... Donc la plupart du temps, on n'a aucune idée où on est ni où on va, mais on y va d'un pas ferme et décidé!
Miraculeusement, après avoir rebroussé chemin et tourné en rond, on a fini par arriver dans les souks, et même commencé à voir quelques autres touristes, le meilleur indicateur de proximité de la Place. Sauf que nous cherchions un endroit précis, en plus; et c'est purement par chance que nous avons levé les yeux à un moment (pas aussi facile à faire qu'on le croirait, entre les touristes qui s'arrêtent à tout moment et les fous en moto), et vu un panneau qui nous indiquait exactement le restaurant que nous cherchions! À partir de la folie de la rue, nous avons passé une porte basse et pénétré dans une oasis de calme et de tranquillité, avec plein de plantes (l'endroit ne s'appelle pas Le Jardin pour rien), de magnifiques tuiles vertes, et même une cage avec des perruches! La nourriture était correcte et le service un peu brusque, mais au moins ça nous a donné une chance de reprendre nos esprits et planifier notre prochaine destination: Riad Yima, une boutique/atelier d'un designer marocain que ma patronne connaît. Encore une fois, les discrets panneaux de signalisation nous ont sauvés, parce que même si nous avions réussi à suivre la carte, nous n'aurions pas osé sonner à la porte de ce qui semblait être une petite ruelle résidentielle... Nous avons bu un thé en admirant le travail de Hassan, sans savoir quoi choisir et pour finalement repartir les mains vides.
L'avantage de se perdre dans les souks c'est qu'on fait des découvertes, et des achats! Je ne me faisais pas de faux espoirs quant à mes qualités de négociatrice, je suis convaincue que nous avons fait le bonheur de plusieurs marchands... Le marchandage est obligatoire pratiquement partout au Maroc (sauf quand c'est écrit «prix fixe»), c'est un mode de vie, et les gens y prennent vraiment plaisir! Pour nous, c'est inconfortable de parler d'argent, mais il faut comprendre que c'est un jeu: la première offre est toujours ridicule, et il ne faut pas se sentir mal de leur répondre sur le même ton (souvent la moitié, ou moins). Éventuellement on finit par s'entendre; ce n'est pas tellement une question de ce qu'on peut se permettre de payer, c'est plutôt pour le principe de ne pas se faire escroquer. Malheureusement la marchandise est rarement aussi authentique qu'on voudrait le croire et plusieurs stands vendent exactement la même chose. J'ai refusé d'acheter une assiette après en avoir fait sortir plusieurs parce que celle qui me plaisait avait des taches de doigts dans la glaçure; et le vendeur qui, deux minutes avant, était mon meilleur ami, m'a lancé un regard meurtrier quand il a réalisé que son laïus de «preuve d'authenticité» ne me convainquait pas... Mais globalement, en ce qui nous concerne, je suis sûre qu'ils se frottaient tous les mains derrière notre dos! Pour ma part, sauf un petit froissement d'égo, ça ne m'embête pas de n'être pas très douée au jeu du marchandage. Quand je compare ma vie avec la leur, je n'ai vraiment pas de malaise à leur donner des sous!
En émergeant des souks nous sommes passés au bureau de poste pour envoyer nos cartes postales, puis nous sommes allés dans une agence réserver un petit voyage à Essaouira, sur la côte, pour le lendemain. Nous avons regardé le soleil se coucher à partir de la terrasse d'un des nombreux cafés et restaurants qui bordent la Place, et assisté à la transformation de son visage de jour en celui du soir. Puis nous avons pris un taxi pour rentrer (on négocie même les taxis!), et mangé dans un restaurant italo-marocain (donc les noms des tajines étaient écrits en italien) tout près du riad. Abdel nous attendait au taxi, et Larbi, son collègue, nous a reconduits personnellement jusqu'à la porte du restaurant. Au moins, nous avons réussi à rentrer par nous-mêmes...!
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dimanche 21 février 2016
Maroc ::: Morocco ::: 3
On s'est encore levés tôt le lendemain (qui a dit que vacances rimaient avec grasse matinée?) pour prendre la route: la journée serait une course contre la montre pour arriver au désert à temps pour le coucher du soleil, tout en profitant de quelques escales en cours de route. Le premier arrêt, seulement quelques minutes après le départ, nous a permis d'admirer ce que la noirceur nous avait caché la veille: la gorge du Dadès. J'ai aussi réussi à échanger quelques mots avec le chauffeur, qui semblait bien soulagé que je parle non seulement français, mais que je sois bilingue! Il m'a offert à la blague de traduire ses explications dans le micro du minibus, je suis contente qu'il n'ait pas été sérieux... Pour le reste du voyage, j'ai tout de même réussi à me rendre utile en m'assurant que l'information passait un peu mieux pour tout le monde.
Un peu plus tard, le roc et le sable ont fait place à une végétation de plus en plus verdoyante, et nous avons fait une autre pause-photo dans ce que notre chauffeur a appelé la Vallée des dates, et que j'ai pu identifier après coup comme Tinghir. Le contraste entre le paysage désertique et les «vergers» de dates (c'est quoi le nom collectif pour des datiers?) était saisissant. Je ne sais pas trop ce qui cause une différence aussi marquée, probablement quelque chose d'aussi simple que la présence d'un cours d'eau à peu près fiable...
Nous avions une autre visite d'un village berbère au programme, celui-ci moins cinématique mais plus réaliste. Nous avons marché le long du ruisseau qui justifie l'existence du village, pour s'y rendre; selon notre guide local c'est l'un des rares cours d'eau qui ne tarisse jamais durant l'année, ce dont les villageois savent bien profiter comme en témoignent leurs cultures et leurs ingénieux systèmes d'irrigation. Le but ultime de la visite, apparemment, était de nous montrer la fabrication de tapis berbères. Ça tombait dans mes cordes! Ils utilisent plusieurs fibres naturelles comme l'agneau, le mouton, le chameau, et même ce qu'ils appellent de la soie mais qui provient d'un genre de cactus. Toutes les couleurs viennent aussi de plantes et de minéraux (ce qu'ils ont en abondance) que les nomades ramassent durant leurs déplacements. On nous a expliqué que le village avait été construit avec l'aide du gouvernement, pour donner plus de stabilité aux tribus dont le mode de vie nomade cadre de moins en moins avec leur environnement. Ils continuent à partir avec leur bétail pendant plusieurs semaines à la fois, mais peuvent aussi compter sur leurs récoltes locales, et leur commerce de tapis. Malheureusement, ils n'ont pas fait d'argent avec nous...
À la fin de la visite, nous avons eu droit à un coup d'oeil sur la gorge de Toudra, avant de se faire ramasser – «yalla, yalla!» – pour reprendre la route d'une traite jusqu'à Merzouga. L'excitation montait à mesure que nous voyions les dunes se rapprocher; nous sommes seulement arrêtés brièvement pour faire des provisions d'eau – les touristes dépendent de l'eau embouteillée partout au Maroc, mais dans le désert c'est une obligation pour tout le monde! Et finalement, après avoir déposé une partie du groupe qui faisait une expédition différente, nous avons vite fait un sac pour la nuit, demandé au chauffeur (devenu mon ami) d'ajuster nos turbans, et sauté sur nos chameaux sans plus de cérémonie! Rendus là, nous avions compris que les Marocains ne sont pas forts sur l'information – ou plutôt les Européens et, à fortiori, les Américains, sont vraiment paranoïaques de la réglementation. Ici, pas de consignes de sécurité, pas de speech de bienvenue, voici ton chameau, tu as vu la personne d'à côté monter dessus alors tu fais pareil, et on part!
Le coucher du soleil était quand même bien entamé quand nous sommes partis, et la randonnée a duré plus longtemps que ce à quoi on s'attendait. Je ne m'en plains pas, c'était magique! Je m'attendais à dix ou quinze minutes de chameau pour aller camper derrière la première dune, mais on a dû en faire pendant au moins une heure avant d'arriver à notre camp, à la nuit tombée. Il y avait quelque chose de vraiment relaxant, presque hypnotique, dans le «swoosh, swoosh» des sabots dans le sable. Ce n'est vraiment pas le moyen de transport le plus confortable pour mon derrière habitué aux sièges rembourrés, mais on oublie vite ses petits bobos quand on a le désert du Sahara devant soi... Oui, j'ai pris un milliard de photos, et non, elles ne vous impressionneront pas, parce que vous n'y êtes pas en vrai. On dirait un calendrier. Mais allez-y! Et vous comprendrez...
Le campement aussi était beaucoup mieux installé que ce à quoi je m'attendais. Chaque couple avait sa cabane (structure en bois recouverte de couvertures), contenant des tapis, un matelas, des coussins, et une pile de couvertures. Il y avait de grands tapis dehors avec des tables basses autour desquelles nous nous sommes spontanément rassemblés, et nous avons mangé un tajine – encore! – mais le meilleur de tout le voyage. Le meilleur de ma vie! D'autant plus qu'on l'a partagé avec les chats qui vivent au camp. Je me croyais au paradis...
Après le repas, nos guides/hôtes, quatre jeunes hommes qui venaient vraiment du désert, ont fait un feu un peu en retrait du camp et nous ont joué de la musique traditionnelle berbère. Puis ils nous ont proposé d'aller grimper la plus haute dune pour regarder les étoiles – la «télévision du désert»! Et donc nous sommes partis, sans plus de questions, dans la nuit noire, sans lampes, chacun se perdant un peu de son côté... J'étais plus essoufflée que jamais et je ne me suis même pas rendue jusqu'en haut, mais c'était vraiment magnifique. Et tout le monde a réussi à revenir!
Ils nous ont réveillés avant l'aube pour remonter sur les chameaux (nous n'aurons jamais vu le campement de clarté, d'où l'absence de photos) et, cette fois, admirer le lever du soleil. Pas exactement ce que je fais normalement un mercredi matin... Les douze dernières heures me semblaient complètement surréalistes, comme un rêve, je n'arrivais pas à croire que j'étais vraiment dans le désert du Sahara. C'est le genre d'endroit mythique dont on entend tellement parler mais qui n'a aucune relation avec le monde dans lequel la plupart d'entre nous vivons; ça aurait pu être sur une autre planète...
Je pense que je peux arrêter d'essayer de vous expliquer à quel point cette nuit dans le désert a été le moment fort du voyage, c'est assez clair que je ne trouve pas bien les mots. Tout ce que je dirai, donc, c'est: allez-y! Ou allez ailleurs, peu importe, mais faites des voyages qui vous font peur, repoussez vos limites, et ayez confiance en vos capacités d'adaptation et de débrouillardise (note à moi-même...)!
Pour ce qui est la suite de cette troisième journée... Treize heures de route en sens inverse jusqu'à Marrakech: pas grand chose à signaler! Puis une arrivée un peu chaotique, le chauffeur déposait tout le monde chacun son tour mais il ne connaissait pas notre riad, et nous non plus puisque c'en était un nouveau. Il s'est rapproché le plus possible et a fini par ramasser un inconnu dans la rue pour qu'il nous emmène, tout en prenant le plus de précautions possible (je vous ai dit qu'on était devenus amis...): il a donné quelques sous au jeune homme (de sa poche!) en lui promettant la même somme de notre part une fois arrivés à bon port; il lui a aussi donné son numéro de téléphone, et fait promettre de l'appeler et de me laisser lui dire moi-même que nous étions bien arrivés. C'est ce que nous avons fait, et tout est bien qui finit bien!
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