dimanche 21 février 2016
Maroc ::: Morocco ::: 3
On s'est encore levés tôt le lendemain (qui a dit que vacances rimaient avec grasse matinée?) pour prendre la route: la journée serait une course contre la montre pour arriver au désert à temps pour le coucher du soleil, tout en profitant de quelques escales en cours de route. Le premier arrêt, seulement quelques minutes après le départ, nous a permis d'admirer ce que la noirceur nous avait caché la veille: la gorge du Dadès. J'ai aussi réussi à échanger quelques mots avec le chauffeur, qui semblait bien soulagé que je parle non seulement français, mais que je sois bilingue! Il m'a offert à la blague de traduire ses explications dans le micro du minibus, je suis contente qu'il n'ait pas été sérieux... Pour le reste du voyage, j'ai tout de même réussi à me rendre utile en m'assurant que l'information passait un peu mieux pour tout le monde.
Un peu plus tard, le roc et le sable ont fait place à une végétation de plus en plus verdoyante, et nous avons fait une autre pause-photo dans ce que notre chauffeur a appelé la Vallée des dates, et que j'ai pu identifier après coup comme Tinghir. Le contraste entre le paysage désertique et les «vergers» de dates (c'est quoi le nom collectif pour des datiers?) était saisissant. Je ne sais pas trop ce qui cause une différence aussi marquée, probablement quelque chose d'aussi simple que la présence d'un cours d'eau à peu près fiable...
Nous avions une autre visite d'un village berbère au programme, celui-ci moins cinématique mais plus réaliste. Nous avons marché le long du ruisseau qui justifie l'existence du village, pour s'y rendre; selon notre guide local c'est l'un des rares cours d'eau qui ne tarisse jamais durant l'année, ce dont les villageois savent bien profiter comme en témoignent leurs cultures et leurs ingénieux systèmes d'irrigation. Le but ultime de la visite, apparemment, était de nous montrer la fabrication de tapis berbères. Ça tombait dans mes cordes! Ils utilisent plusieurs fibres naturelles comme l'agneau, le mouton, le chameau, et même ce qu'ils appellent de la soie mais qui provient d'un genre de cactus. Toutes les couleurs viennent aussi de plantes et de minéraux (ce qu'ils ont en abondance) que les nomades ramassent durant leurs déplacements. On nous a expliqué que le village avait été construit avec l'aide du gouvernement, pour donner plus de stabilité aux tribus dont le mode de vie nomade cadre de moins en moins avec leur environnement. Ils continuent à partir avec leur bétail pendant plusieurs semaines à la fois, mais peuvent aussi compter sur leurs récoltes locales, et leur commerce de tapis. Malheureusement, ils n'ont pas fait d'argent avec nous...
À la fin de la visite, nous avons eu droit à un coup d'oeil sur la gorge de Toudra, avant de se faire ramasser – «yalla, yalla!» – pour reprendre la route d'une traite jusqu'à Merzouga. L'excitation montait à mesure que nous voyions les dunes se rapprocher; nous sommes seulement arrêtés brièvement pour faire des provisions d'eau – les touristes dépendent de l'eau embouteillée partout au Maroc, mais dans le désert c'est une obligation pour tout le monde! Et finalement, après avoir déposé une partie du groupe qui faisait une expédition différente, nous avons vite fait un sac pour la nuit, demandé au chauffeur (devenu mon ami) d'ajuster nos turbans, et sauté sur nos chameaux sans plus de cérémonie! Rendus là, nous avions compris que les Marocains ne sont pas forts sur l'information – ou plutôt les Européens et, à fortiori, les Américains, sont vraiment paranoïaques de la réglementation. Ici, pas de consignes de sécurité, pas de speech de bienvenue, voici ton chameau, tu as vu la personne d'à côté monter dessus alors tu fais pareil, et on part!
Le coucher du soleil était quand même bien entamé quand nous sommes partis, et la randonnée a duré plus longtemps que ce à quoi on s'attendait. Je ne m'en plains pas, c'était magique! Je m'attendais à dix ou quinze minutes de chameau pour aller camper derrière la première dune, mais on a dû en faire pendant au moins une heure avant d'arriver à notre camp, à la nuit tombée. Il y avait quelque chose de vraiment relaxant, presque hypnotique, dans le «swoosh, swoosh» des sabots dans le sable. Ce n'est vraiment pas le moyen de transport le plus confortable pour mon derrière habitué aux sièges rembourrés, mais on oublie vite ses petits bobos quand on a le désert du Sahara devant soi... Oui, j'ai pris un milliard de photos, et non, elles ne vous impressionneront pas, parce que vous n'y êtes pas en vrai. On dirait un calendrier. Mais allez-y! Et vous comprendrez...
Le campement aussi était beaucoup mieux installé que ce à quoi je m'attendais. Chaque couple avait sa cabane (structure en bois recouverte de couvertures), contenant des tapis, un matelas, des coussins, et une pile de couvertures. Il y avait de grands tapis dehors avec des tables basses autour desquelles nous nous sommes spontanément rassemblés, et nous avons mangé un tajine – encore! – mais le meilleur de tout le voyage. Le meilleur de ma vie! D'autant plus qu'on l'a partagé avec les chats qui vivent au camp. Je me croyais au paradis...
Après le repas, nos guides/hôtes, quatre jeunes hommes qui venaient vraiment du désert, ont fait un feu un peu en retrait du camp et nous ont joué de la musique traditionnelle berbère. Puis ils nous ont proposé d'aller grimper la plus haute dune pour regarder les étoiles – la «télévision du désert»! Et donc nous sommes partis, sans plus de questions, dans la nuit noire, sans lampes, chacun se perdant un peu de son côté... J'étais plus essoufflée que jamais et je ne me suis même pas rendue jusqu'en haut, mais c'était vraiment magnifique. Et tout le monde a réussi à revenir!
Ils nous ont réveillés avant l'aube pour remonter sur les chameaux (nous n'aurons jamais vu le campement de clarté, d'où l'absence de photos) et, cette fois, admirer le lever du soleil. Pas exactement ce que je fais normalement un mercredi matin... Les douze dernières heures me semblaient complètement surréalistes, comme un rêve, je n'arrivais pas à croire que j'étais vraiment dans le désert du Sahara. C'est le genre d'endroit mythique dont on entend tellement parler mais qui n'a aucune relation avec le monde dans lequel la plupart d'entre nous vivons; ça aurait pu être sur une autre planète...
Je pense que je peux arrêter d'essayer de vous expliquer à quel point cette nuit dans le désert a été le moment fort du voyage, c'est assez clair que je ne trouve pas bien les mots. Tout ce que je dirai, donc, c'est: allez-y! Ou allez ailleurs, peu importe, mais faites des voyages qui vous font peur, repoussez vos limites, et ayez confiance en vos capacités d'adaptation et de débrouillardise (note à moi-même...)!
Pour ce qui est la suite de cette troisième journée... Treize heures de route en sens inverse jusqu'à Marrakech: pas grand chose à signaler! Puis une arrivée un peu chaotique, le chauffeur déposait tout le monde chacun son tour mais il ne connaissait pas notre riad, et nous non plus puisque c'en était un nouveau. Il s'est rapproché le plus possible et a fini par ramasser un inconnu dans la rue pour qu'il nous emmène, tout en prenant le plus de précautions possible (je vous ai dit qu'on était devenus amis...): il a donné quelques sous au jeune homme (de sa poche!) en lui promettant la même somme de notre part une fois arrivés à bon port; il lui a aussi donné son numéro de téléphone, et fait promettre de l'appeler et de me laisser lui dire moi-même que nous étions bien arrivés. C'est ce que nous avons fait, et tout est bien qui finit bien!
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
It was another early start the following day (who said holidays involved sleeping in?) in order to get back on the road as quickly as possible: the whole day would be a race against the clock to get to the desert before sunset, while still stopping in a few places along the way. Our first stop, a mere few minutes after setting off, allowed us to admire what the night had concealed from us: the Dades gorge. I also had the opportunity to chat to the driver, who seemed happy that I spoke French and relieved that I was bilingual. He said I should translate his commentary to everyone on the bus, but I'm really glad he was joking! I still managed to make myself useful for the rest of the trip by ensuring everyone knew a bit better what was going on.
A little while later, rocks and sand made way to increasingly green vegetation, and we stopped again for more pictures in what the driver called Date Valley, which I later identified as Tinghir. The contrast between the desertic landscape and date "groves" (is that the collective name for date palms?) was striking. I'm not sure exactly what causes such a difference, but it could be something as simple as a reasonably reliable source of water...
There was another Berber village visit on the agenda, which made up in authenticity what it lacked in cinematic fame. We walked along the stream that justifies the existence of the village to get there; according to our local guide it is one of a few rare water sources that never completely dries up throughout the year, and the villagers are making the most of it as evidenced by their crops and ingenious irrigation systems. It appeared that the main goal of the visit was to show us how Berber carpets are made. That got my attention! They use a few different natural fibres such as lamb, sheep, and camel wool, as well as something they call silk but actually comes from some kind of cactus. All the colours also come from plant and mineral sources (something they have in abundance) that the nomad tribes collect along their way. They also explained that the village had been built with help from the government, in order to create more stability for the tribes whose nomad lifestyle is becoming increasingly at odds with their environment. They can still go off for weeks on end with their livestock, but they also rely on local crops, and carpet sales. Unfortunately, they didn't make any money with us...
After the village, we were allowed a quick peek at Toudra Gorge, before being rounded up again – «yalla, yalla!» – to get back on the road, straight to Merzouga. You could feel the excitement levels rising on the bus as the dunes progressively got closer; we only stopped briefly to stock up on water – tourists rely on bottled water at all times in Morocco, but in the desert it's vital for everyone! Finally, having dropped off a few people who were booked on a different expedition, we quickly packed an overnight bag, asked the driver (now my friend) to adjust our head scarves, and unceremoniously jumped on our assigned camels! At that point we were used to the lack of information that seems to be the norm in Morocco – or rather, realised that the European and (even worse) the North American way of over-regulating everything was more akin to paranoia than common sense. Here there seemed to be no rules, no safety instructions, not even a welcome speech; simply a gesture that means "here's your camel, you saw the other person getting on, do the same, and we're off"!
The sunset was already well underway when we set off, and the ride was longer than any of us expected. I'm absolutely not complaining, it was magical! I was expecting a 10-15 minute ride just to get behind the first sand dune and camp there; but we were moving for a good hour before we eventually got to our campsite, in the dark. There was something so relaxing, almost hypnotic, about the "swoosh, swoosh" of the camels' feet in the sand. It's not the most comfortable means of transportation for my soft rear end (more used to padded chairs than wonky saddles!), but you forget about all that really quickly when you have the Sahara desert in front of you... Yes, I took about a million photos; and no, you won't be particularly impressed by them, because you had to be there... They look like a calendar, I realise that. But do go! And then you'll understand...
The camp turned out to be much more comfortable than I was expecting. Each couple had their own little hut (a wooden structure covered with blankets), which contained carpets, a mattress, cushions, and a pile of blankets. There were large mats outside with low tables where we naturally congregated, and we had tajine – again! – for dinner, but it was better than any other. It was the best one I've had in my life! To top it all off, we shared it with the camp's cats. I thought I'd gone to heaven...
After dinner, our guides/hosts, four young men who really were from the desert, lit a bonfire, and played traditional Berber music. Then they proposed climbing to the top of the highest dune and looking at the stars – "desert TV"! So up we went, without further explanation, into the dark desert night, no torches, everyone gradually getting lost along the way... I was more out of breath than I have ever been and I didn't even make it to the top, but it was absolutely amazing. And everyone did find their way back!
We were awoken before dawn and put back on the camels (we never even saw the camp in any sort of daylight, hence the absence of pictures), this time to see the sunrise. Not exactly my usual Wednesday morning... The previous 12 hours seemed so surreal, almost like a dream, I couldn't quite believe I really was in the Sahara Desert. It's one of those mythical places that you hear about and feel like you know, but doesn't have any sort of relevance in your daily life; it might as well have been on another planet...
I should probably stop trying to explain just how that night in the desert was the highlight of the trip, it's pretty clear I can't find the words. All I will say, then, is: go! Or go somewhere else, anywhere, but take trips that scare you, test your limits, and have faith in your ability to adapt and thrive (note to self...)!
As for the third day... Thirteen hours on the road back to Marrakech: not much to talk about! Then a slightly chaotic arrival, as the driver was dropping everyone off individually but didn't know our riad, and nor did we as it was a different one. He got as close as he could, and then simply picked up some guy off the street to take us the rest of the way! He did take as many precautions as he could (I told you we'd become friends...): he gave the guy a little bit of money (of his own!) and promised him the same amount from us once we got there; he also gave him his phone number so that he could call him, and let me tell him we'd made it there safely. And what do you know, we did!
S'abonner à :
Publier des commentaires (Atom)
Une nuit dans le désert, c'est vraiment quelque chose qui me fait rêver. Et tu le racontes beaucoup mieux que tu ne crois.
RépondreEffacerVas-y!! Quand ta mini-Berbère saura se tenir sur un chameau ;)
Effacer