Autoportraits ::: Self-portraits

Quelle surprise, quel chambardement: les articles ici ne sont-ils pas publiés le dimanche ou le lundi, normalement? Autrement dit, quand j'ai quelque chose à raconter, ce qui arrive la plupart du temps après le weekend... Pas que j'aie ce soir de grandes nouvelles qui ne peuvent attendre, simplement un petit bonheur de lumière matinale à partager. Et à défaut d'autres modèles, c'est encore ma tête que j'ai photographiée. Je dois avouer que ma totale incompétence à prendre une photo de moi dans un miroir, bien cadrée, nette et sans qu'on voie mon appareil de surcroît (un jour je saurai aussi gérer les positions de bras invraisemblables) donne souvent lieu à d'heureux accidents. Évidemment, la majorité des photos sont carrément ratées... Mais sur le lot, il est ressorti, encore cette fois-ci, quelques images surprenantes et imprévues. Quoi, Camille, serais-tu en train de devenir spontanée? Que nenni (il est tard...)! j'essaie encore de tout prévoir, sauf que j'essaie aussi d'accepter les résultats qui sortent du cadre (littéralement, ici).

J'aime aussi l'idée de faire de la photo «à l'ancienne», sans savoir ce qui sortira une fois le bouton pressé. C'est sûr, je triche avec le petit écran de mon appareil numérique, et les effets vieillis sont 100% faux... Mais en attendant que l'argentique soit redevenu assez populaire pour que le prix du développement baisse, je trouve que c'est un petit jeu qui coûte trop cher. Donc, comme on dit ici, je me contente de the next best thing!

Je n'ai jamais été une grande adepte des autoportraits, que je trouve égocentriques et auto-congratulateurs (jouez le jeu, disons que c'est un vrai mot) même quand ils sont bien faits, ou alors désavantageux pour le ou la photographe-modèle. Il y a toujours une espèce d'aura de nombrilisme et de conscience de soi qui brise la magie; il manque l'histoire entre le photographe et le modèle, la spontanéité, l'essence de l'instant capturé. Difficile de faire croire à qui que ce soit qu'on ignorait qu'on se faisait photographier quand on presse soi-même le déclencheur... Je ne prétends pas y échapper, je vous demande donc d'être indulgents: à moins d'aller réveiller mon coloc (et ça, ça ne fait pas de jolies photos), il n'y avait vraiment personne d'autre à photographier ce matin.

Du côté du photographe, toutefois, l'autoportrait est une sorte de documentaire personnel, une étude de soi, une façon de saisir et de cataloguer un moment intime. Tout comme une odeur nous ramène des souvenirs d'enfance ou une chanson nous rappelle une relation, une photo gardera toujours, au-delà de l'image elle-même, le contexte dans laquelle elle a été prise et les émotions qui s'y rattachent. Lorsqu'on prend une photo de soi-même, pour soi-même, on fixe dans le temps un instant important, significatif. Bon ça reste relatif, ce n'est pas que j'aie vécu une matinée particulièrement marquante, mais je pense que ma propension à me photographier moi-même a augmenté dans une période de ma vie où j'essaie de comprendre et de fixer qui je suis. Peut-être que c'est écrit quelque part dans mon visage?

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

What a surprise, what a hullabaloo! (I'll admit this one is from the translator, but how could I resist?) Aren't articles normally posted here on Sundays or Mondays? In other words, when I have something to say, which usually happens after the weekend... Not that I have any groundbreaking news tonight, only a little happiness to share in the form of pretty morning light. And in the absence of other models, my own face is once again photographed. I have to admit that my complete and utter inability in taking a nicely framed, in focus, picture of myself in the mirror without my camera peeking in the corner or blatantly in the middle (one day I will also try and tackle the weird arm positions) is often serendipitous. Obviously, most of the photos are rubbish. But in the lot, a few stand out this time again in a surprising and unexpected fashion. But, Camille, could you possibly be becoming spontaneous? Certainly not: I am still trying to foresee everything, while merely beginning to embrace results that baffle me.

I also love the idea of «old-fashioned» photography, not knowing what will come out once the button has been pressed. I am readily admitting to cheating with the screen of my digital camera, and the aged effects are 100% fake... However, before film photography has become mainstream enough (again) for processing prices to go down, I am going to keep thinking that it is too expensive a gamble. So for now, I'm settling for the next best thing!

I have never been a big fan of self-portraits. I find them egocentric and self-congratulatory even when they are tastefully done, or even unfavorable to the photographer-model. There is always this faint smell of navel gazing and self-consciousness that kills the magic; they are missing the story between photographer and model, the spontaneity, the essence of the instant. Try telling someone you didn't know you were being photographed when you were the one pressing the button... I wouldn't pretend to be above it all, so I am begging you to be lenient: short of waking my flatmate up (and that's not a pretty picture), there really was no one else for me to photograph this morning.

From the photographer's point of view, however, self-portraits are a personal documentary of sorts, a study of onself, a way of capturing and cataloguing intimate moments. Just as a smell will remind you of your childhood or a song of a relationship, a photo will always carry, beyond the picture itself, the context in which it was taken and the emotions attached. When I am taking a picture of myself for myself, I am anchoring a meaningful moment in time. That is not to say that this morning was particularly significant, but I do think that my growing propensity to take pictures of myself has something to do with this stage in my life where I am trying to map out and decide who I am. Maybe the answer is written somewhere on my face?

La pochette de mon prochain vinyle, avec mon nom dans une belle typo moderniste.

The cover of my next LP, with my name set in a nice modernist typeface.