samedi 6 février 2016

Maroc ::: Morocco ::: 1

Tel que promis, ici commence notre périple au Maroc... Enfin, très court pour un «périple» (six jours – pas exactement l'Odyssée), mais mon choix de vocabulaire se base plutôt sur le dépaysement et la variété que sur la durée!

Jamaâ el Fna

Cette année plus que les autres depuis que je suis en Angleterre, j'ai vraiment eu l'impression de ne pas avoir d'été. Il y a bien eu quelques jours de chaleur, mais ça n'est jamais vraiment resté; et pour être parfaitement honnête je pense que mon impression a aussi quelque chose à voir avec le fait que mon travail a déménagé dans un espace (temporaire, une chance) où il fait toujours à peu près 12 degrés et humide (comme dans une grotte)... En plus, l'immeuble datant d'une époque pas si lointaine où les travailleurs avaient besoin de lumière naturelle mais n'étaient pas encouragés à rêvasser en regardant dehors, nos fenêtres au plafond ne sont pas exactement propices à l'admiration du climat extérieur. Bref, s'il a fait chaud, je n'en ai pas eu connaissance, ce qui fait que rendue en septembre, j'étais sérieusement déprimée à l'idée d'affronter un autre hiver anglais, sombre et mouillé – et possiblement aussi à cause d'un autre événement dont nous avons déjà parlé... Malgré tout, Barcelone m'avait laissée sur ma faim, j'avais encore besoin de vitamine D! Alors nous avons choisi, pour nos «vraies vacances», l'équivalent pour les Français de Cuba pour les Québécois.

Chercher le soleil en Europe en novembre, ce n'est pas impossible, mais ça peut être risqué pour différentes raisons. Généralement, les destinations «soleil» pour les Européens (en tout cas, pour les Britanniques) sont prisées pour les vacances de type tout-inclus. Tout ce qu'on trouve en ligne, ce sont des forfaits sur des îles paradisiaques qui semblent avoir été complètement abandonnées aux immenses complexes dont personne n'a jamais besoin de sortir. Je n'ai jamais fait ce type de voyage alors j'adorerais peut-être ça (on est passés à un poil d'essayer, aux îles Canaries...) – mais ça me surprendrait beaucoup! Ma peau de porcelet ne tolérerait pas une semaine complète d'exposition sans relâche, et mon cerveau ne survivrait pas non plus à la végétation totale. La plage, très peu pour moi; sauf pour prendre des marches et trouver des coquillages. On ne parlera même pas des endroits qui se vantent d'être au bord de la mer mais proposent aussi onze piscines (c'est vrai!); et toutes les animations, jeux, disco, activités de groupe, pas vraiment mon style... Bref, du soleil, oui, mais pas à n'importe quel prix.

Riad Linda

Par ailleurs, impossible de partir complètement à l'aventure puisque j'ai besoin d'un certain niveau de préparation et d'assurance, et de toute façon nous sommes limités aux transports en commun puisqu'aucun de nous deux ne peut/veut conduire. J'ai déjà parlé du mode de vie cool des Espagnols de Barcelone, je n'ose même pas imaginer à quoi ressemble le service d'autobus dans une petite ville de Majorque, par exemple... Enfin, tout ça pour dire que la décision n'était pas facile, surtout que plus le temps passait, plus la température devenait incertaine; et je réalise maintenant que toute cette histoire finit un peu en queue de poisson parce que je ne me souviens même plus comment nous avons finalement décidé d'aller au Maroc... Toujours est-il que nous nous sommes branchés sur le pays, j'ai acheté un guide, et la confusion a recommencé parce que tout semblait extraordinaire, et on ne savait pas par où commencer! J'avais seulement cinq jours de vacances à utiliser donc tout au plus huit à neuf jours de voyage, trop court pour la plupart des tours organisés que nous avions vus. Nous sommes mêmes allés rencontrer un agent de voyage, chose que je n'ai plus du tout le réflexe de faire en cette ère d'Expedia, Trip Advisor, Airbnb, et compagnie; et même si nous n'avons pas choisi de voyager avec eux, leurs conseils nous ont quand même aiguillés un peu. Je dois aussi mentionner que je me suis foulé une cheville alors que nous étions en pleins préparatifs, donc mes idées de randonnée pédestre dans les Monts Atlas ont pris le bord assez vite (une chance que nous n'avions encore rien réservé)...

Nous en avons aussi parlé beaucoup autour de nous, et spontanément, quand nous disions vouloir aller au Maroc, les gens demandaient: «Marrakech?» – certainement un incontournable, mais c'est quand nous avons réalisé qu'un court voyage dans le désert pourrait être combiné à notre séjour là-bas que la décision s'est vraiment cristallisée. J'avais toujours eu envie d'aller au Maroc, sans vraiment ressentir l'urgence d'y aller à tout prix. C'est le genre de destination (un peu comme l'Inde, qui me fascine et me terrifie) pour laquelle j'attendais que les bonnes conditions soient réunies; et sans le faire exprès, c'est ce qui est arrivé! Principalement: j'y allais avec Matt, plutôt que toute seule, et on dira ce qu'on voudra (des amies ont eu de très bonnes comme de très mauvaises expériences en tant que femmes, seules ou en petit groupe, au Maroc), pour moi c'était rassurant d'avoir un homme avec moi. Pas quelque chose qui m'est arrivé souvent dans ma vie...! Et en réalité, comme il ne parle pas français, c'est moi qui interagissait le plus avec les gens; mais juste le fait d'être ensemble m'a évité pas mal d'inconvénients, j'en suis convaincue. Il s'avère que l'automne est aussi un bon moment pour y aller: il ne fait pas trop chaud (20-25 degrés de jour lors de notre séjour, mais plus frais le soir, dans les montagnes et dans le désert), et ce n'est pas encore la saison des pluies. Aux dires de l'un de nos chauffeurs de taxi, ça aurait dû l'être, donc je conseillerais peut-être d'y aller plus vers la fin octobre qu'à la mi-novembre, comme nous.

Marrakech

Tout ça pour dire que nous sommes partis très tôt un dimanche matin grisailleux de novembre, pour atterrir en fin d'avant-midi dans un pays ensoleillé qui nous a semblé bien sec vu d'en haut! La folie qu'est Marrakech commence dès qu'on met le pied en-dehors de l'avion: pas de petits rubans ici pour diriger les passagers, marche sous le réacteur qui veut... Puis on fait une longue queue pour passer les douanes (mais ça, c'est partout pareil), et une autre pour aller retirer de l'argent. Apparemment il est très difficile d'obtenir des dirhams marocains hors du pays, nous avons essayé deux bureaux de change avant de partir, sans succès, donc nous voici à faire la file avec tous les passagers de notre vol, ou presque! On réalisera plus tard qu'il est crucial de demander des petites coupures (ce que nous avons fait, mais elles n'étaient pas si petites), parce que personne n'a jamais de monnaie, nulle part; et il est essentiel de pouvoir donner de petits pourboires à gauche et à droite, que ce soit au garçon qui nous indique le chemin ou à la dame qui s'occupe des toilettes.

Le riad que nous avions réservé pour la première nuit (tenu par une Écossaise!) se trouvait à deux pas de Jamaâ el Fna, la place centrale dans la médina, ce qui nous semblait une bonne idée comme nous n'y serions pas longtemps. Nous avions même un chauffeur qui nous attendait à l'aéroport (gracieuseté du service qui nous emmènerait dans le désert le lendemain), mais la médina étant ce qu'elle est, il lui était impossible de nous conduire jusqu'à la porte: il fallait terminer le trajet à pied. Si vous croyez que vous avez un sens de l'orientation à toute épreuve, allez à Marrakech, et on en reparlera... C'est simple: un étranger, à plus forte raison s'il s'est levé à 4h du matin et débarque à peine de l'avion, ne peut pas se déplacer tout seul dans les rues de la vieille ville. Notre chauffeur s'est donc arrêté à la Place (comme l'appellent les locaux), et un autre bonhomme est arrivé, lui a serré la main, et s'est emparé de nos valises. Il avait l'air bien intentionné mais personne ne nous a expliqué ce qui se passait; un autre comportement auquel on apprendrait à s'adapter dans les jours suivants... Donc de rue en ruelle en passage nous avons suivi nos valises, tout en essayant de noter quelques repères pour le trajet en sens inverse, et nous avons fini par arriver à bon port. Notre guide s'est avéré être notre hôte, et a rempli son rôle principal avec brio: nous imbiber de thé à la menthe à chaque opportunité! Il n'y avait personne d'autre ce soir-là, alors nous avons eu le choix de la chambre, et l'usage unique de la terrasse sur le toit. C'est là que nous avons finalement lâché un grand «oufff» et laissé le rythme des vacances prendre le dessus...

Marrakech

Après avoir paressé un peu au soleil, nous sommes partis à la découverte de la Place, question de se mettre un peu dans le bain. Et quel bain! Une foule parfois si dense qu'on ne peut plus bouger, des sons, des odeurs, des singes, des serpents... En plus de la légère paranoïa du voyageur qui s'est fait mettre en garde, dix fois plutôt qu'une, contre les pickpockets émérites, et qui se sent une cible facile avec son air innocent et sa peau laiteuse... Je me suis arrêtée deux minutes pour photographier le Café Montréal pendant que Matt prenait les devants, et c'est tout ce qu'il a fallu pour que je me fasse aborder immédiatement: 10 mètres d'écart (et un appareil-photo)! Nous avons réussi un tour de la Place et une courte aventure dans les souks avant de décider de retourner prendre notre souffle au riad, pour ensuite ressortir manger au marché qui s'élève dans la Place au coucher du soleil. C'est le même endroit, mais l'atmosphère change complètement: les singes à petites couches vont se coucher (je ne veux pas savoir où, les pauvres), les charmeurs de serpents ramassent leurs cobras, et cèdent l'espace à un drôle de mélange de barbecues divers, escargots bouillis, têtes de moutons entières, et jus d'orange frais. Impossible de faire deux pas sans se faire haranguer de tout bord tout côté, mais finalement avec raison: quand l'offre semble être la même partout, on choisit le vendeur le plus convaincant! Pour nous, ç'a été celui qui nous a promis que notre repas serait «bloody amazing» et nous a donné une table un peu en retrait. La cuisson de la viande (et la propreté de la vaisselle) étant un peu douteuse, c'est un chat errant qui s'est régalé d'une partie de mon repas, mais on était là pour l'expérience plus que pour la gastronomie... Encore une fois, pas exactement relaxant, mais certainement dépaysant! «Toto, we're not in England anymore...»

Avec un léger tournis, causé par l'excitation pour moi et le stress pour Matt, nous sommes rentrés nous coucher tôt en prévision de notre départ à 7h du matin de lendemain. Direction: les Monts Atlas et le désert du Sahara, dans un prochain épisode!

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

As promised, this is the start of our Moroccan expedition... Well, a pretty short expedition (six days – it wasn't exactly the Odyssey), but my choice of words rests on the amount of variety and surprises rather than duration!

Jamaâ el Fna

This year more than any other since I've been in England, I really felt like summer passed me by completely. I do remember a few hot days, but it never really stuck; and in all honesty I think my view may be skewed by the fact that my work moved to a (temporary, thank god) office space where it's always a bit dank (kind of like a cave)... Plus the building is from a not-so-distant era when workers needed daylight but were discouraged from daydreaming by windows placed on the ceilings rather than walls, which make it difficult to gauge what the temperature might actually be like in the outside world. So if it did get hot and sunny, I didn't know, which means that by September I was feeling truly depressed at the prospect of another dark, wet, English winter – that and possibly another event which we've already touched on... Barcelona gave me a taste of sunshine and left me wanting more, I was craving more vitamin D! So for our "proper holiday" we decided on a destination that is to French people what Cuba is to people of Québec.

Seeking sunshine in Europe in November isn't impossible, but it comes with its fair share of risks. Generally, a European's (or at the very least, a Brit's) idea of a "sun" destination involves some sort of all-inclusive offer. All we could find online seemed to be package holidays on paradise islands that have been completely relinquished to sprawling compounds that cater to all your needs. I've never been on a holiday like that, I might love it (we came very close to trying, in the Canary Islands) – but somehow I highly doubt that! My piglet skin wouldn't tolerate a whole solid week of exposure, and my brain would probably turn to mush from lack of stimulation. Beaches just aren't my thing, aside from walking and picking seashells; and let's not even talk about those places that are right by the beach and yet boast eleven separate swimming pools (that's a genuine number!). Plus all the entertainment, games, disco nights, group activities, just aren't my cup of tea... So yes to sunshine, but not at any cost!

Riad Linda

On the other hand, we couldn't just up and go into the unknown – I do need a certain amount of preparation and reassurance, and anyway we are limited to public transportation since neither of us can/wants to drive. I've already talked about Spain's laidback lifestyle; I can't even imagine what the bus schedule might be like in a small town in Mallorca, charming as it may be... All that to say it wasn't an easy decision, especially since the longer we waited the more of a gamble the temperature was likely to be. I now realise that I've reached a rather anti-climactic ending as I can't remember how we finally decided on Morocco... But we did, and I bought a guide book, and then we got confused all over again because everything looked amazing, and we didn't know where to start! I only had five days left to use up, which meant eight or nine days tops for a holiday; that was too short for most of the organised tours we could find. We even went to meet a travel agent, something I don't ever think of doing anymore in this age of Expedia, Trip Advisor, Airbnb, and company; and even though we didn't book our trip with them in the end, I think their advice did help steer us in the right direction. I should also mention that I sprained my ankle right in the middle of the preparations, so my ideas of trekking in the Atlas Mountains had to be thrown out the window (lucky we hadn't booked anything yet)...

We also mentioned it to pretty much everyone we know, and most of the time, when we said "Morocco", people spontaneously asked "Marrakech?" – which is certainly worth considering, but it's only when we realised we could book a short trip to the desert from there that the plan really cristallised. I'd always fancied going Morocco, but without wanting to rush into it. Just like India, which amazes and terrifies me in equal measures, it's a trip I needed to make in what felt like the right conditions; and without really planning it, I realised I had them all! The main thing was: going with Matt, rather than on my own. Say what you will (some of my friends have had really good as well as really bad experiences as women in Morocco, whether on their own or as a small group), I found it reassuring having a man by my side. Not something I've ever needed much so far in my life...! In reality, because I speak French and he doesn't, I was the one dealing with people the most, so it wasn't about hiding behind him; but I'm convinced just having him there saved me a lot of hassle. And it was lovely to travel with him, of course! Also, autumn happens to be a good time to go: it's not too hot (20-25 degrees during the day while we were there, but a fair bit cooler in the evening, in the mountains, and in the desert), and it's not yet rainy season. According to one of our taxi drivers, it should have been, so to be safe I'd advise going around the end of October rather than mid-November, like we did.

Marrakech

Anyway, all that to say that we left very early on a grey Sunday morning in November, only to land a few hours later in a sunny country that seemed very dry to us from above! The mayhem that is Marrakech starts as soon as you step off the plane: no safely cordoned route here, feel free to walk under the engines and all around the plane if you so wish! Then you queue for a long while at customs (but that's the same everywhere), and again to get some money out. It appears to be very difficult to obtain Moroccan dirhams outside the country; we tried two bureaux de change (side note: why has no one ever translated that?!) before we left, with no luck. So here we are, queuing with pretty much everyone else who was on our flight. We would realise later that it is crucial to ask for the smallest possible notes (which we did, but they weren't that small), because no one ever has change, anywhere; and it's essential to carry a few coins with you for tips here and there, whether it's the boy who shows you the way or the lady managing the toilets.

The riad we'd booked for the first night (owned by a Scottish woman!) was just around the corner from Jamaâ el Fna, the central square in the medina, which seemed like a good idea since we'd only be there for a short time. We had a driver pick us up from the airport (provided by the company that would take us on a desert trip the following day), but the medina being what it is, it was physically impossible for him to drive us all the way: we had to finish on foot. If you think you have a great sense of direction, go to Marrakech, and then we'll talk... It's simple: if you're a foreigner, especially if you've been up since 4am and just stepped off the plane, it's impossible to find your own way in the old town. So our driver stopped in the main square (la Place, as the locals call it), and another guy turned up, shook his hand, and grabbed our suitcases. He looked like he meant well, but no one bothered explaining anything to us, which is another thing we'd have to learn to live with in the coming days! From street to backstreet to alley we followed our luggage, all the while trying to pick up a few landmarks so we could find our way back, and eventually we did make it to our destination. Our guide turned out to be our host, and brilliantly fulfilled his main duty as such: imbibing us with mint tea at every opportunity! There were no other guests that night, so we were able to pick our room, and we had full use of the roof terrace, where we finally sat down and took a deep breath, letting ourselves be carried into the rythm of our holiday...

Marrakech

After a bit of loafing around in the sunshine, we went out to dip a toe in the Place... And ended up being swallowed whole! The crowd was sometimes so dense we couldn't move, there were sounds and smells, monkeys and snakes... That on top of our mild traveller's paranoia, since we'd been warned at least ten times against the very nimble pickpockets who would no doubt prey on our wide-eyed innocence... At one point I stopped for a picture of Café Montréal while Matt carried on ahead, and that's all it took for some man to strike a conversation with me: 10 meters of separation (and a camera)! We managed one lap of the Place and a short stint into the souks before deciding to head back to the riad for a breather. Then we went back out again for dinner in the market which is set up in the square everyday at sun down. It's the same place, but the atmosphere changes completely: the monkeys in their little nappies go to bed (I don't even want to know where, poor animals), the snake charmers pack up their cobras and give free reign to an odd array of food stalls, from grilled meats to boiled snails, whole sheep's heads, and freshly pressed orange juice. There's no way to walk around undisturbed, everyone everywhere is trying to convince you that their stall is the best, and at the end of the day that's the only thing they can do to attract customers: when the food looks exactly the same, you go with the most engaging salesman! For us, it was the guy who promised it would be "bloody amazing", and let us sit slightly out of the way. I found the cooking of the meat (and the cleanliness of the dishes) slightly dodgy, so was more than happy to share my meal with one of the stray cats; at the end of the day, we were there for the experience more than the gastronomic delights... Once again, not exactly relaxing, but certainly different! "Toto, we're not in England anymore..."

We headed back with our brains reeling a bit, mine from excitement and Matt's from stress, and tucked ourselves into bed early, in preparation for our 7am departure the next day. Direction: the Atlas Mountains and the Sahara desert, in the next episode!

Aucun commentaire:

Publier un commentaire