Hier, je suis allée faire des courses. J'ai passé l'après-midi dehors chaussée d'espadrilles de toile, et même si ce n'était pas du tout déplacé (j'ai vu des gens en t-shirt), ça m'a fait bizarre. Dans ma tête, dans mes chromosomes, jusqu'au plus profond de mon être, j'ai la conviction qu'il y a quelque chose de malsain à se balader en chaussures légères en plein mois de janvier! Et plus, il faisait «froid»...
Je n'ai rien contre l'hiver londonien (je le précise maintenant, après m'être fait dire de «retourner chez nous» si je n'étais pas contente), je n'y suis juste pas adaptée. En même temps, si j'étais au Québec en ce moment je serais probablement en train de me plaindre comme tout le monde. Sauf que, vu de l'extérieur, c'est beau et blanc et pur et vivifiant et ça me manque... Alors je me suis replongée dans mes photos du temps des Fêtes, ma petite parcelle de neige annuelle, plus spécifiquement dans les images d'une balade à North Hatley avec mes parents, le 30 décembre. Et là, il faisait froid pour vrai!
North Hatley, c'est un petit village (750 habitants!) qui se déploie en croissant à l'extrémité nord du lac Massawippi, l'un des plus touristiques des Cantons de l'Est. Touristique au sens où les gens de Montréal savent à peu près où c'est, et ceux qui ont osé dépasser Magog sont peut-être même déjà allés. Que ce soit parce que notre charmant premier ministre, entre autres notables, y possède une maison, ou parce que c'est l'un des rares villages de la province à avoir conservé une population majoritairement anglophone (et que les complexes, chez nous, ont la couenne dure), North Hatley a la réputation d'être fréquentée par des riches (snobs). C'est un peu vrai. Mais c'est ce qui fait que les maisons centenaires au bord de l'eau sont magnifiquement entretenues, qu'on y retrouve des restaurants et des auberges parmi les plus réputés au Québec, et qu'il y a un magasin général plutôt qu'un Provigo, et un pub plutôt qu'un McDo.
J'y étais allée plusieurs fois avant, mais j'ai été surprise de constater que mon expérience anglaise me faisait voir North Hatley sous un autre jour. Soudain, les choses avaient un sens! Le Pilsen Pub au bord de l'eau, avec un vrai feu de foyer, un beau bar en bois et des bières en fût; le magasin général qui vend des confitures Wilkins & Sons, du thé PG Tips et des babioles de cuisine avec des dessins d'autobus rouges et de taxis noirs; les antiquaires, les tasses de porcelaine fine, les vieilles photos, les noms anglais... Ça m'a fait réaliser à quel point la culture anglaise est toujours bel et bien présente, et vivante, au Québec, mais les francophones l'ignorent complètement. C'est comme une minorité dans une autre minorité! Nous sommes tellement occupés à protéger notre langue et notre culture en Amérique du Nord que nous ne voyons même pas, parmi nous, une autre culture à protéger. Finalement, si on se parlait, on se comprendrait pas mal mieux qu'on le croit, j'ai l'impression...
En tout cas, au-delà des discussions politiques, ça m'a fait du bien de passer un après-midi à fouiner chez les antiquaires, à admirer les belles maisons, et surtout à boire un cidre (québécois!) au pub, au coin du feu, avec mes parents... C'était comme deux mondes qui se mélangent, mais ça me donne espoir pour mon retour éventuel: lorsque la culture britannique me manquera, j'irai prendre le thé à North Hatley!
Les premières photos proviennent d'une série dans le jardin de mes parents; c'est par ici pour l'album complet de Noël 2011.
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Yesterday, I went shopping. I spent the whole afternoon outside in canvas trainers, and even though it wasn't inappropriate at all (I saw people wearing t-shirts), it just felt weird. In my mind, in my chromosomes, in my deepest being, I know that there is something very wrong about being able to walk around in summer shoes in the middle of January! And today was even "cold"...
Not that I have anything against London winters (I have to make it clear now, after being told to "just go back home if you're not happy"), I am simply not cut out for them. On the other hand, if I were in Quebec right now, I'd probably be complaining along with everyone else. But, from an external point of view, it is beautiful and white and pure and energising and I miss it so much... So I decided to dive back into my photos from the Christmas break, my precious little bit of Quebec winter, specifically these images from a wander around North Hatley with my parents on 30th December. And that, my friends, was real cold!
North Hatley is a tiny village (750 people!) that fans out from the northen extremity of Lake Massawippi, one of the best-known tourist destinations in the Eastern Townships. By "tourist" I mean people from Montreal who kind of know where it is, and the bravest of them who dared go further than Magog and have even visited. Be it because our charming Prime Minister, among other notables, has a house there, or because it is one of the province's only villages with a predominently English-speaking population (and complexes die hard in these parts), North Hatley has a reputation for being full of wealthy (snotty) people. Kind of true. But it is also the reason why the lakeside houses are so gorgeous and well-maintained, why some of Quebec's best restaurants and inns are there, and why you're more likely to find a general store than a chain, and a pub rather than McDonald's.
I had been to North Hatley many times before, but my experience in England seems to have changed the way I see it. Suddenly, I understood things I had simply overlooked before: the Pilsen Pub by the water, with it's open fire, wooden bar and taps; the general store selling Wilkins & Sons jams, PG Tips tea and kitchen knick-knacks with red buses and black cabs on them; the antique stores, the fine china, the old photos, the English names... It made me realise how much British culture is still alive and kicking in Quebec, but French-speakers are completely and utterly unaware of it. It's like a minority within a minority! We are so busy protecting our language and our culture within North America, we failed to notice that right here, among us, is another culture that needs taking care of. In the end, if we just talked to each other, I'm sure we'd have much more in common than we think...
Anyway, political debates aside, it made me feel really good to spend an afternoon nosing about antique shops, gawking at handsome houses, and most of all drinking cider (from Quebec!) in the pub, by the fire, with my parents. It was like two worlds merging together, but it gave me hope for my return: when I miss British culture, I'll just go and have tea in North Hatley!
The first photos are from a series I did in my parents' garden; see the whole Christmas 2011 album here.
The first photos are from a series I did in my parents' garden; see the whole Christmas 2011 album here.
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